Le bilan carbone et la gestion des ressources halieutiques sont deux sujets étroitement liés, tant sur le plan environnemental qu’économique. Dans cet article, nous allons explorer les enjeux juridiques qui entourent cette problématique, ainsi que les principaux défis à relever pour assurer une exploitation durable des ressources marines et limiter l’impact du secteur de la pêche sur le climat.
Le cadre juridique international de la pêche et du bilan carbone
La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), également connue sous le nom de Convention de Montego Bay, constitue le principal cadre juridique international régissant la pêche et les questions environnementales liées aux océans. Adoptée en 1982, elle vise à établir un équilibre entre les droits et obligations des États côtiers et ceux des États pratiquant la pêche en haute mer. La CNUDM reconnaît également l’importance de la conservation et de la gestion durable des ressources halieutiques.
D’autres accords internationaux complètent ce cadre juridique, notamment l’Accord relatif à la conservation et à la gestion des stocks chevauchants et des stocks grands migrateurs (1995), qui vise à renforcer la coopération entre les États pour prévenir la surexploitation des stocks de poissons partagés ou migrateurs. Les Organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) jouent également un rôle crucial dans l’élaboration et la mise en œuvre de mesures visant à assurer une exploitation durable des ressources halieutiques.
En ce qui concerne le bilan carbone, l’Accord de Paris sur le climat (2015) est l’instrument international majeur visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Bien que cet accord ne mentionne pas spécifiquement le secteur de la pêche, il souligne l’importance d’une action coordonnée pour réduire les émissions et préserver les océans en tant que puits de carbone naturel.
Les principaux enjeux liés au bilan carbone et à la gestion des ressources halieutiques
L’un des principaux défis consiste à concilier l’exploitation économique des ressources marines avec la nécessité de préserver les écosystèmes marins et d’assurer la durabilité des stocks halieutiques. La surpêche, qui représente aujourd’hui environ un tiers des stocks mondiaux, est une menace majeure pour la biodiversité marine et peut également aggraver les problèmes liés au changement climatique.
L’empreinte carbone du secteur de la pêche est également un enjeu de taille. Selon une étude publiée dans la revue Nature Climate Change en 2018, les émissions de GES liées à la pêche pourraient représenter jusqu’à 1,6% des émissions totales mondiales. Les principales sources d’émissions sont la consommation de carburant par les navires de pêche, la production et le transport des produits de la mer, ainsi que l’aquaculture.
Les changements climatiques ont également des impacts directs sur les ressources halieutiques et les écosystèmes marins. Le réchauffement des océans, l’acidification et la montée du niveau de la mer peuvent entraîner des modifications des habitats marins, des déplacements d’espèces et des perturbations dans les chaînes alimentaires. Ces changements peuvent à leur tour affecter la productivité des stocks halieutiques et compliquer davantage les efforts de gestion durable.
Pistes d’action pour concilier bilan carbone et gestion durable des ressources halieutiques
Pour relever ces défis, plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées. Tout d’abord, il est crucial de renforcer le cadre juridique international existant et d’améliorer la coopération entre les États et les ORGP afin de mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre la surpêche et assurer une exploitation durable des ressources marines.
Ensuite, il est important de promouvoir l’innovation technologique dans le secteur de la pêche, afin de réduire l’empreinte carbone des activités halieutiques. Des solutions telles que l’amélioration de l’efficacité énergétique des navires de pêche, le développement d’engins de pêche plus sélectifs ou encore la promotion d’une aquaculture durable peuvent contribuer à cet objectif.
Enfin, il est essentiel d’intégrer les enjeux liés au bilan carbone et à la gestion des ressources halieutiques dans les politiques publiques, notamment en matière de lutte contre le changement climatique, de protection de la biodiversité et de développement économique. Cela implique également une meilleure prise en compte des impacts du changement climatique sur les ressources marines dans les stratégies de gestion et d’aménagement du territoire.
En résumé, le bilan carbone et la gestion des ressources halieutiques sont deux enjeux interdépendants qui nécessitent une approche globale et coordonnée pour assurer la durabilité du secteur de la pêche et limiter son impact sur le climat. Le renforcement du cadre juridique international, l’innovation technologique et l’intégration des enjeux environnementaux dans les politiques publiques sont autant de leviers pour relever ces défis.